• Titre de la surprise!!! :D

    Avec un peu de retard certes, mais voici la fin du suspens, et ce que l'on a trouvé dans notre jardin!

    Pour résumer : Sur une petite surface du jardin, la pelouse poussait peu et était plutôt jaunit. Un jour pas fait comme un autre j'ai finit par commencer à creuser, et très rapidement après quelques coups de bêche pour découper des portions de pelouse je découvre une grande tôle de canal.

     

    Le tour de la tôle, qui est en fait deux morceaux, fait tout de même 1m80 sur 1m30, et est maçonné au béton semblant reposer sur des murs en pierres. Mais avant de pouvoir ouvrir, la nuit tombait et j'ai dû me résoudre à rentrer! :'(

    En fouillant sur le net pour essayer de comprendre un peu plus encore l'histoire de la maison, l'on découvre la biographie d'un militaire durant la seconde guerre mondiale, qui a justement habité dans notre maison avec son bataillon pendant une semaine, et ils ont notamment creusé un abri anti-bombardement dans le jardin. Voici un extrait du récit au jour le jour chez nous au moulin de bas, il y a un peu plus d'un demi-siècle!

    (il y a des erreurs de transcription dans certains noms, mais aucun doute que ça soit notre maison avec les recoupements fait)

    (texte intégral: http://www.massanne.com/articles-alchimiques/biographie-de-roger-caro/i-une-vie-presque-ordinaire.html?showall=1)

     

    Mardi 21 Mai 1940 (Vieil Arey)

    Je me réveille à 6h. Nettoyage des armes et creusement des abris. Toute la nuit ça a bombardé sans arrêt. En creusant on a trouvé des anciens chargeurs de 1914 allemands, la poudre encore bonne. On va au ravitaillement : 7 poulets, 2 litres de rhum, 1/2litre de Dubonnet, des limes, des scies, un fût de 70 litres de cidre. A 15h il passe sur nous 48 avions boches. On ne rit plus, j'écris. Toujours pas de courrier, comme je suis malheureux. Mon Dieu, donnez-moi le réconfort de m'Amour. Nous sommes dans le dépt de l'Aisne, arrondissement de Soissons, canton de Braine, commune de Vieil Arey. On se couche de bonne heure. J'ai eu le soir 2 lettres, une de Papa, du 19/5, une de PSF. A minuit je me lève. Le mot (de passe) est Foch-France.

     

    Mercredi 22 Mai (Vieil Arey) (par Bourg et Comin) 

    18 rondes à partir de minuit jusqu'à 5h du matin. Le temps se gâte. Avec du fil de fer je fais des pièges, un téléphone. J'écris. La poste n'apporte rien hélas. Mon coeur souffre, Mon Dieu, accordez-moi de lire m'Amour. Je dors d'assez bonne heure. Le mot : Pétain-Patrie.

     

    Jeudi 23 Mai (Vieil Arey) par Bourg et Comin

    Réveil 7h. Pas de ronde cette nuit. Je travaille au croquis panoramique de secteur. Creusement de l'abri. Il vient le Lt Laurent qui nous commande. Il visite notre emplacement, assure que c'est très bien et avoue qu'on est les mieux installés de toute sa Compagnie. Rien ne manque : poste de guet, avec alarme et Rose des Vents, abris, repos, réfectoire, cuisine, etc. le tout enterré à 1,50 sous terre. On tire une photo du groupe avec les 3 poulets à la broche. Le tonneau de cidre est vide, peuchère. J'écris. Le secteur est très calme. Depuis hier au soir la section du Lt Bounias est engagée devant le pont d'Arcy et nous avons reçu l'ordre de nous tenir prêts et de se considérer comme en 1ère ligne. C'est loin d'être très rigolo.

    Ce matin, pas de lettres. Après midi, repos. Le soir j'ai 2 lettres de mon Amour. Comme ses lettres me réconfortent. Seigneur, merci. On se couche assez tôt après avoir tendu les fils d'alerte. Le mot de passe est d'abord Bourmont-Bordeaux puis Joffre-Jaffa. Le ravitaillement a rapporté 3 lapins.

     

    Vendredi 24 Mai (Moulin de Bas, Vieil Arey)

    Nom exact où nous sommes, face à la côte 175. Lever 3h. Je suis de ronde jusqu'à 5h. RAS. Le dispositif d'alarme fonctionne à merveille. On s'organise mieux, tranchées plus profondes, table, etc. Le ravitaillement ramène 3 bocaux de cerises à m'eau de vie et 2 bocaux de prunes à la mirabelle, 3 pliants, des outils, des enveloppes, du papier à lettres, etc. Plus de liquide, on en est à l'eau. On tire une autre photo, tous en tenue. On profite de l'accalmie et du soleil. Le canon tonne moins souvent et les avions sont plus rares. Il paraît que les boches ont reculé. Quant à ceux qui sont encerclés à 2kms 500 de nous, ils se défendent comme des diables et ne sont pas manchots.

    A 14h39 on nous apprend qu'on doit empêcher tout motocycliste de passer car ce sont des parachutistes tombés près de Pont Arey avec leur machine. Aussi redouble-t-on de vigilance. Autard, Calvet sont de retour de perm à la CA paraît-il. Etienne n'est toujours pas avec nous. Le soir j'ai 3 lettres de Ri, une photo de Soyer, 1 lettre de tante Jeanne, 1 lettre de tante Louise, 1 de Lulu. Merci mon Dieu, quel bonheur.

     

    Samedi 25/5/40 (Moulin de Bas Vieil Arey par Bourg et Commin)

    Réveil 7h. Je fais un croquis au 1/20.000. Fais les détails en munitions et copie les détails d'observation sur la feuille de guet. Puis j'écris. Le temps est mi-couvert. Le soir vers 3h il arrive Etienne de permission. Une des bombes qui sont tombées hier sur Arey lui est tombée à 40m. Il m'apporte un saucisson donné par mes chers parents arlésiens. Ri m'envoie une médaille de N.D. de la Garde. Seigneur, faites qu'Elle me protège. Le matin a été calme, mais le soir, alors que je montrais à Etienne notre secteur, un obus nous éclate à une cinquantaine de mètres, puis une série de coups encadrent notre bois. Vers 6h ça cesse. J'ai encore 3 lettres de m'Amour (2 cartes, 1 de ma Ri, 1 de tante de ND de la Garde), 1 de tante Gil, 1 de Gilbert, 1 de Raymond. Il pleut. J'écris. Le temps est noir. Peu d'activité d'artillerie. Je suis de guet de 11h à 1h. Je vais avec Perrier porter les papiers d'observations au PC de la 2ème Cie. Il pleut à torrents. Il fait de violents orages. Le mot de passe est Bonaparte-Bayonne. Dans l'après-midi, 54 appareils allemands nous survolent, la DCA en tombe 1, barre la route aux autres.

     

    Dimanche 26 Mai (Moulin de Bas - Vieil-Arey)

    Réveil 10h. Je fais un croquis pour le PC de la CA, règle les consignes de la journée. J'écris, je lis un peu. Nous avons un bombardement intensif devant et derrière. 30 avions nous survolent sans tirer. Notre artillerie fait sauter en face un dépôt d'essence et un dépôt de munitions. De grandes flammes s'élèvent. L'après-midi, nouveau bombardement. J'écris à Ri, mes chers Arlésiens, mes chers Semestres, Papa, tante Jeanne, Raymond, Mr. A Méric (Frère d'Etienne Méric) . Le soir je vais à la soupe. Je suis de guet de 9h à 11h ce soir ; on a reçu l'ordre de planter des piquets pour barbelés (réseau bas). Le mot de passe est Murat-Marseille. La troisième compagnie a été attaquée et demande du secours d'urgence et des munitions. Il y a à ce jour 4 blessés (3 par éclats, 1 à balle). Le 64e a ses premiers blessés. Seigneur, protégez-nous.

     

    Lundi 27 Mai 1940 (Moulin de Bas, Vieil Arey)

    On se lève à 6h. On creuse un abri de 6m de long sur 2m50 de large, 2m50 de profondeur. L'après-midi sieste. Assez calme le secteur. On retravaille. Je dois faire le croquis du plan de feu du secteur pour le capitaine Pauli qui vient nous voir. On a les lettres de la veille. 1 de m'Amour, du 22, 1 de tante Gil. Je suis de garde de 3h à 5h. Le mot de passe est Bourmont-Bayonne.

     

    Mardi 28 Mai 1940 (Moulin de Bas, Vieil Arey)

    Je ne me couche pas après ma garde de 3 à 5. Je boulonne à un calque du secteur et recopie un papier intéressant qui change les grades en m/m. Le secteur est très calme jusqu'à 12h, où un avion vient en rase-mottes nous mitrailler. Puis le calme reprend. On nous apprend que la Belgique a déposé les armes ce matin à 7h et que nous avons 5 Corps d'armée encerclés en Belgique. On a reçu les lettres, 1 de ma Ri, du 23, 1 de Tante Angeline, du 14, 1 de Tante Jeanne, du 23. Il pleut toujours. Je suis de garde de 1h à 3h. Le mot de passe est Ney-Nice.

     

    Mercredi 29 Mai 1940 (Moulin de Bas, Vieil Arey)

    Lever 4h30, continuation des abris section et pièces. Je calque les plans du secteur. Je télémètre les obstacles. L'après-midi j'écris, je reçois une lettre de mon Amour, du 25, et une de tonton Marius, du 26. Je suis de garde de 11H à 1h. Je vais porter les renseignements au PC 2ème Cie avec Caressa à 1h du matin. Temps couvert. Artillerie en branle. Trois officiers (Romégou, Vincent, Germain un arlésien), 1 caporal-chef et un 2ème classe sont blessés par un éclat durant le bombardement de l'artillerie ennemie de l'après-midi sur le village de Vieil-Arey. Je travaille à mon couteau et sa gaine.

     

    Le 30 Mai, jeudi, 1940 (Moulin de Bas, Vieil Arey)

    Réveil 6h. On va au creusement des abris, je suis un peu fatigué, je vais me reposer. Mon couteau est fini, je le vernirai. Je reçois une lettre du 26 de Ri et 1 du Roucas. J'écris, je me repose l'après-midi aussi. Etienne en creusant met à jour des os et des tôles de 1914. Ca bombarde dur et sur tous les côtés. Je suis de garde de 9 à 11, le mot de passe est ce soir : " Marmont-Montéro ". Il fait un temps incertain, un peu de vent, mais il ne pleut pas.

     

    Le 31 Mai vendredi 1940 (Moulin de Bas, Vieil Arey)

    Réveil 6h30. Je fais le relevé du matin journalier des observations produites de 1h du matin à midi 50. Le temps est très frais, couvert. L'après-midi je reçois une lettre de m'Amour, du 27, et Le Petit Marseillais (Un journal de l'époque) du 26. Mot de passe : Mortier-Moret. Je suis de garde de 3 à 5. J'ai réussi à avoir un beau casque allemand (officier). Mon Dieu, faites que je puisse le donner à ma Ri.

     

    Le 1er juin 1940 (Moulin de Bas, Vieil Arey)

    Réveil 8h. Préparatifs de départ. Je fais un double de nos plans et vais le porter au PC de la 2ème Cie. Le secteur est calme. L'après-midi on met tout par pièce et on se repose. Le mot de passe est Camp-Robert-Cambrai. Pas de lettres. On se couche de bonne heure.

     

    Le 2 juin 1940, dimanche (Moulin de Bas Vieil Arey)

    Réveil minuit 45. Départ 1h30. 15kms. On passe à 2km700 à droite de Blanzy les Fismes, et on va camper à 2kms environ après Fismes dans les bois. On se repose, on écrit. Toujours pas de lettres. Le soir les lettres arrivent mais on ne peut avoir celles de la veille. Des avions nous survolent, le départ est remis avec 1h de retard. A 21h on démarre avec le sac au dos. On fait 21kms et on arrive très las à 2h du matin au village de Savigny sur Ardre entre Fismes et Reims. On loge dans une étable sur du foin. On s'endort comme des masses, on est exténués.

     

    Fin de la session historique. ^^

    Suite à cette lecture, je vous laisse imaginer mon impatience pour faire sauter le béton et ouvrir les tôles le lendemain.

     

     

     

     

    Une fois ouvert, on distingue nettement les murs en pierres, et ça forme un "trou" d'un bon mètre à la verticale. Le fond est remplit de boue sableuse, mais surtout on distingue nettement un linteau en béton qui surplombe un mince vide dans lequel on ne peut pas se glisser mais on voit clairement que ça continue à l'horizontale dans le jardin

     

     

    A grand renfort de rallonge USB j'ai passé une webcam avec un lampe torche ficelée au bout d'une grande perche en bois, et tout ce que je peut dire c'est que le tunnel continue sur plus de 3m (plus de câble ni de longueur de perche/bras pour aller plus loin).

    J'ai tenté tant bien que mal de déblayer, mais il y a beaucoup trop de volume pour le faire seul à la main, il faudrait clairement une bonne grosse pompe à boue pour tout évacuer. du coup pour le moment les tôles et la pelouse sont remisent en place!

    Qui sait, un jour si je dégote une pompe adéquate ou que que j'ai deux semaines à perdre en creusant, peut-être saurons nous ce qui se cache au fond de ce tunnel... :)

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Mimihook
    Jeudi 4 Juin 2015 à 21:45
    Quelle découverte !!!
    C'est passionnant !!
    2
    Sawn
    Jeudi 4 Juin 2015 à 22:28
    Putain c'est fort !
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    3
    Jeudi 4 Juin 2015 à 22:32
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